Contrats doctoraux 2022 de l’Initiative Genre : Lucie Devilliers
Guidée par le besoin de comprendre l’être humain de manière holiste, j’ai réalisé un baccalauréat ès sciences en anthropologie à l’Université de Montréal après quelques années à chercher ma voie en sciences exactes et naturelles. À cette occasion, l’anthropologie biologique et la bioarchéologie se sont imposées comme des évidences. Déterminée à me concrétiser dans ces deux domaines, j’ai alors entrepris de revenir en France pour accomplir un master en anthropologie médico-légale et bioarchéologie à l’Université Aix-Marseille. Désireuse de peaufiner mon parcours, j’ai finalement effectué un second master plus professionnalisant en ingénierie de l’archéologie préventive et programmée à Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Mon expatriation au Canada a fortement marqué ma vie. Relativisme culturel, interdisciplinarité et ouverture sur le monde ont été les maîtres mots de cette expérience qui m’a donné la chance d’explorer la question des inégalités de genre à de nombreuses occasions. Mon cheminement académique m’a en outre permis de réaliser que l’anthropologie biologique était un domaine à même d’offrir des pistes de réflexion et de résolutions quant à des problématiques actuelles, qu’elles soient d’ordre économique, sanitaire ou social.
La thèse : « Division du travail et inégalités de santé : approche anthropobiologique de la vie quotidienne des femmes de l’époque contemporaine (XIXe et début du XXe siècles) »
L’objectif principal de ce projet de recherche est de produire une documentation inédite sur la vie quotidienne des femmes au cours des deux derniers siècles à l’aide des outils et des méthodes de l’anthropologie biologique.
L’idée est d’apporter un éclairage nouveau sur les inégalités de genre qui ont marqué les domaines de la santé et du travail durant le XIXe et le XXe siècle pour pouvoir discuter des mécanismes et des constructions socioculturelles toujours à l’œuvre. En effet, l’époque contemporaine est, à bien des égards, une période clé pour comprendre l’avènement de nos sociétés industrielles.
Plusieurs collections ostéologiques belges, suisses et françaises seront utilisées afin d’étudier et d’analyser deux types de stigmates particulièrement pertinents en archéoanthropologie pour explorer les questions relatives à la répartition des tâches et à l’état sanitaire : les marqueurs osseux d’activités et les indicateurs squelettiques de santé.
L’enjeu est aussi de privilégier une approche pluridisciplinaire en recoupant les données biologiques avec les sources écrites dans le but de reconstruire le contexte économique, social et environnemental dans lequel se sont constituées et inscrites les inégalités de genre. Adopter un regard croisé peut dans ce sens permettre d’éclairer les « oublis » volontaires ou non qui jalonnent l’histoire des femmes, longtemps invisibilisées, cantonnées à la sphère domestique et réduites à leur santé génésique.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
elisabethviain (6 juin 2022). Contrats doctoraux 2022 de l’Initiative Genre : Lucie Devilliers. Philomel. Consulté le 17 avril 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/suj5